Jérôme Stioui, a quitté, avec une partie des co-fondateurs de Directinet, le monde de l'emailing depuis 2 ans pour se lancer dans celui du mobile. Cette équipe, qui a déjà fait ses preuves, a levé quelques millions d'euros et a créé la société Ad4Screen.
Après plus d'un an d'activité, c'est l’occasion de faire le point avec Jérôme sur sa perception du marché du mobile, des caractéristiques d'Ad4Screen, et l'emailing dans le mobile…
Bonjour Jérôme. En quelques mots, peux-tu nous présenter Ad4Screen ?
Ad4Screen est le spécialiste du marketing mobile à la performance et se positionne sur toute la chaîne du mobile avec une philosophie ROI : en amont avec la définition de la stratégie, puis la réalisation d'applications mobiles, l'acquisition de trafic, la fidélisation de l'audience et la monétisation des inventaires publicitaires. Ad4Screen compte actuellement environ 50 personnes dont plus de 50 % sont des ingénieurs.
Quelle est ta perception sur le marché du mobile actuellement en France ?
Le marché est en croissance importante et on se trouve encore en phase d'évangélisation auprès de nombreux acteurs. Il est rare qu'un budget et une équipe mobile soient déjà existants cette année, aussi ce sont souvent par des tests que l'on commence à travailler avec les annonceurs. Notre premier apport sur le mobile est souvent de répondre à la question : "comment aller sur le mobile, quelle stratégie ?"
Quelques acteurs ont développé une stratégie de présence importante (SPIR, TF1, IDTGV, Le Monde, Renault…) qui porte ses fruits.
D’autres acteurs, qui avaient raté le coche du web, ont décidé de prendre de l'avance sur le monde du mobile et se retrouvent en position dominante. Les cartes peuvent ainsi être rebattues et ce n'est pas parce que l'on est en position dominante sur le web qu'on le sera automatiquement sur le mobile.
Le marché publicitaire sur le mobile est-il maintenant mature et comment le caractérises-tu ?
Pour notre activité publicitaire, le fait que Médiamétrie ait mis en place fin 2010 une mesure d'audience est essentiel . Elle crédibilise le marché publicitaire.
Le volume de consultation est actuellement dominé par les applications (80 % du trafic mobile) et Apple qui représente 70 % du trafic français. Même si le nombre de Smartphones Android augmente, c'est toujours Apple qui reste en tête car les Smartphones Android sont moins utilisés comme terminaux internet que les iPhone. La connexion internet est notamment moins systématique et l'accès à l’application store moins natif.
La connexion mobile remplace-t-elle celle du PC, est-elle complémentaire, as-tu des données sur ce point ?
La répartition du trafic mobile est assez complémentaire à celle des postes fixes. Les études montrent schématiquement que :
- Entre 7 et 9 heures, c'est le mobile qui domine
- Entre 9 et 12 heures, c'est le fixe
- Entre 12 et 14, reprise du mobile
- De 14 à 18, le fixe l'emporte
- Et enfin, à partir de 18 h00, le mobile monte en puissance pour être dominant à partir de 20 heures.
Une particularité importante après 20h00 : plus de 50 % du trafic mobile se réalise à partir de connexions Wifi. Aux USA, 47,5 % des connexions à partir d'un iPhone se font en Wifi ( Cf. étude Comscore ci-dessous).
L'activité d'Ad4Screen repose sur une base technologique importante. Peux-tu nous décrire sa spécificité ?
Nous avons en effet développé plusieurs technologies, que je pense uniques, qui nous permettent de déployer plusieurs modèles économiques intéressants :
- D'abord, le Met’adserver® qui est un outil permettant d’assurer un taux de remplissage de 100% de ses espaces publicitaires mobiles en s’interconnectant aux principaux réseaux publicitaires mobiles, en agrégeant toutes leurs campagnes et en arbitrant dynamiquement le choix en fonction du eCPM généré pour l’éditeur
- Ensuite, un outil de tracking permettant de traquer le ROI des actions de promotion mobile, y compris vers le monde des applications
- Enfin, une plateforme d'échanges de visibilité mobile couplée à des formats de sponsoring d'application…
En fait, tous ces principes existent déjà sur le web ! Quelle différence sur le mobile ?
Ces schémas simples et évidents sur le web sont bien plus complexes sur le mobile, à cause de la prédominance du monde des applications et la coexistence de plusieurs systèmes d’exploitation mobiles (Apple et Android). Un téléchargement sur une application mobile ou une visite sur celle-ci ne se traque pas de la même façon que sur le web.
Nous avons développé un SDK spécifique qui permet de rendre possible ce tracking. Toutes les pages des applications partenaires d'Ad4Screen peuvent être traquées, les échanges entre applications mesurés… Il y a un an, aucune mesure de performance n'était effectuée chez nos clients et c'est ce que nous avons apporté. Aujourd'hui, nous comptons plus de 70 applications mobiles partenaires et 150 millions de PAP (Pages avec Publicité) mensuelles.
Comment apprécies-tu le rôle de l'emailing dans le mobile ?
Il existe un système de notification très peu utilisé sur les applications mobiles et qui se rapproche de l'emailing. Lors de la souscription à une application, il est possible de recueillir le consentement de l'internaute pour recevoir des notifications.
Les taux d'optin sur l'abonnement aux notifications se situent entre 50 et 80 %.
L'internaute peut ensuite recevoir des notifications personnalisées suivant un protocole technique bien particulier. Ces messages sont au format texte, mais peuvent contenir un lien vers l'application.
Les taux de clics varient entre 7 à 10 %. C'est un canal émergent qui est comparable à l'emailing.
Nous proposons un outil permettant de personnaliser, à partir des caractéristiques et du comportement de l'internaute, les notifications. La technologie développée sur iOs permet d'éviter tout risque de spam et de piratage des données. Tout est contrôlé par Apple : du formulaire d'abonnement au désabonnement. Côté Android, le paysage est plus ouvert et les notifications moins contrôlées.
Pour l'email, nous avons développé un tag d'ouverture qui permet de cerner précisément sur quel mobile l'internaute ouvre ses emails. Enfin, un système de bannière dynamique permet d'afficher un visuel et une redirection en fonction du contexte d'ouverture. Si l'internaute ouvre sur iPhone, il aura une bannière de promotion de l'application iPhone, s'il ouvre sur PC, le visuel et le lien seront différents… Ces outils sont commercialisés à la performance (facturation au CPC sur la bannière et au profil requalifié).
Quel développement envisages-tu pour Ad4Screen ?
Nous avons levé suffisamment d'argent pour faire des opérations de croissance externe en parallèle de notre croissance organique. Nous avons récemment fait entrer dans le groupe Ad4Screen la société BEmyAPP (14 personnes) qui propose une solution innovante pour monétiser les applications iPhone. BEmyAPP est aussi assez connu pour organiser des week-ends réunissant des développeurs d’applications iPhone ou Android, des designers, des marketeurs et des personnes qui ont des idées d’applications mobiles. L’objectif est de réunir toutes ces compétences autour des meilleures idées pour développer des applications mobiles en un Weekend.
L'ambition d'Ad4Screen est de fédérer des entrepreneurs talentueux sur le mobile et de constituer un groupe permettant de répondre à toutes les problématiques du mobile au service des annonceurs et des éditeurs. Nous travaillons activement à de nouvelles opérations permettant de renforcer le groupe Ad4Screen.
Enfin, peux-tu nous dire quelques mots sur ton activité au sein du Conseil National du Numérique ?
J'ai effectivement la chance d'être membre du Conseil National du Numérique, initiative gouvernementale récente et très intéressante (qui aurait pu être bien utile à l’époque des réglementations visant l’email marketing). A titre personnel, j'ai plus particulièrement été amené à travailler sur le dossier de la taxe Google. Après beaucoup de pédagogie et de travail en commun avec de nombreuses associations professionnelles, le Conseil National du Numérique a réussi à faire abandonner cette taxe qui aurait pénalisé les PME françaises et aurait été à l’encontre de son objectif… et de son nom.
Malgré l’ascension des médias sociaux, le courriel reste le moyen le plus utilisé pour communiquer avec ses clients et prospects.
Rédigé par : mailing fax | 19 août 2011 à 20:11